Ces dernières années, les warrants ont suscité plus de polémiques auprès des investisseurs que tout autre instrument de placement. En effet, si les options call et put offrent des opportunités de gains considérables, elles peuvent également entraîner des pertes substantielles. Pour mieux comprendre les origines, le contexte et le négoce des warrants, il nous a semblé judicieux d’utiliser une situation du quotidien pour expliquer leur principe de fonctionnement.
Fonctionnement des warrants
Un acte du quotidien va nous permettre d’illustrer clairement l’origine et le fonctionnement des warrants. Supposons que vous veniez d’acquérir une voiture**. Au premier passage à la pompe, le litre de super à 1,50 euro a néanmoins vite fait de tempérer votre enthousiasme... Soudain, vous vous rappelez avoir lu ces dernières semaines plusieurs articles sur la hausse des cours du brut à Rotterdam et sur la taxation des produits pétroliers. Il est fort probable qu’au cours des deux prochaines années, le litre de super atteigne 2 euros, voire plus. Votre nouvelle voiture perd brusquement tout son attrait, car eu égard à votre style de conduite, sa consommation oscille entre 15 et 20 litres aux cent kilomètres. Il vous vient alors l’idée de conclure un marché avec le pompiste :
- Vous lui achetez le droit d'acquérir dans les deux années à venir 5000 litres de super au prix de 1,50 euro le litre.
- Vous voilà désormais propriétaire de 5000 « warrants » sur pétrole qui vous donnent chacun le droit d’acheter un litre d’essence au prix défini.
- Vous convenez alors avec le pompiste que vous payez immédiatement 0,20 euro par litre pour la quantité convenue. Vous versez donc 1000 euros pour avoir le droit d’acheter 5000 litres d'essence à 1,50 euro le litre à tout moment pendant les 24 prochains mois.
- Vous vous accordez également sur le fait que vous pouvez revendre tout ou partie de vos warrants à un autre automobiliste.
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** Les données chiffrées utilisées dans ces exemples n’ont qu’une valeur indicative et informative, l’objectif étant de décrire le mécanisme du produit. L’ensemble des données est présentée hors fiscalité applicable et/ou frais liés au cadre d’investissement et hors défaut de l’Emetteur.
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Un risque calculé, le choix en plus
Si le prix de l’essence atteint des sommets inattendus au cours des deux prochaines années, votre avantage est indéniable puisque vous pourrez acheter 5000 litres de super à un prix nettement inférieur à celui du marché. A 2,00 euros le litre, vous pouvez également envisager de revendre vos warrants à une tierce personne. Ils valent en effet 2500 euros alors que vous ne les avez payés que 1000 euros.
En revanche, si les prix viennent à chuter à 1,20 euro, par exemple, votre risque financier est limité à la somme engagée pour acquérir les warrants, mais vous n’êtes pas tenu d'acheter les 5000 litres à 1,50 euro. Dans ce cas, le warrant ne vaut plus rien et expire sans valeur dès lors que le prix du litre d’essence se situe en dessous de 1,50 euro à l'échéance du contrat, deux ans plus tard.
Supposons maintenant que le prix de l'essence chute considérablement pendant la durée du contrat jusqu'à atteindre 1,10 euro. Vous n’allez bien entendu pas exercer votre droit d’acheter 5000 litres à 1,50 euro et laissez donc votre warrant expirer. Votre perte totale s’élève alors au prix que vous avez payé pour acquérir le warrant, soit dans notre exemple 1000 euros.
Notez que cette perte aurait été moindre si vous aviez vendu les warrants à leur valeur de marché dans les mois qui ont suivi leur acquisition, autrement dit avant qu’ils n’arrivent à échéance. En tant qu’acheteur des warrants, vous avez le choix (le droit) de les exercer dès le moment où vous avez acquitté la prime (prix d'achat) de 1000 euros. Le pompiste a, quant à lui, l'obligation de vous vendre l’essence au prix convenu si vous exercez vos warrants.
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Durée de vie
Plus le prix de l’essence dépasse 1,70 euro, qui constitue votre seuil de rentabilité (1,50 euro, le prix fixe du litre de super, plus 0,20, le prix d’achat du warrant), plus vos droits prennent de la valeur, ce qui fait augmenter votre bénéfice.
Dans la mesure où l’accord prévoit que vous pouvez à tout moment exercer vos droits pour obtenir de l’essence et que des personnes sont intéressées à acheter vos droits, vous avez le choix :
1) d'utiliser les 5000 litres en fonction de vos besoins et ainsi profiter d’un prix très attrayant à chaque fois que vous faites le plein, ou
2) de vendre vos droits à leur valeur de marché de l'instant.
Le prix que les autres automobilistes sont prêts à payer sera généralement d’autant plus élevé que le coût d’un plein augmentera.
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Valeur d’un warrant
Les warrants peuvent présenter des caractéristiques différentes. A chaque attente correspond un warrant particulier. Dans le jargon des warrants, on distingue donc plusieurs concepts.
Le prix d’un warrant est fonction de sa valeur intrinsèque et de sa valeur temps, laquelle correspond à la différence entre le prix du warrant et sa valeur intrinsèque. Elle doit être interprétée en quelque sorte comme la valeur attachée à la « durée de vie » résiduelle du warrant. Ainsi, plus l'échéance d’un warrant est éloignée, plus sa valeur temps est élevée, car elle reflète la probabilité que le gain potentiel pouvant être réalisé jusqu'à l’échéance puisse encore augmenter en cas d'évolution favorable du cours du sous-jacent.
Par conséquent, plus l'échéance résiduelle diminue, plus la valeur temps d’un warrant décroît (avec une nette accélération à mesure que la fin du contrat approche) et tend vers zéro.
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A l’échéance, le prix d’un warrant ne repose plus que sur sa valeur intrinsèque. Un warrant recèle donc toujours une valeur intrinsèque, également appelée parité, tant que ses droits peuvent être exercés en réalisant un gain. L’important est de savoir si le cours actuel du sous-jacent est supérieur ou inférieur au prix d’exercice.
On distingue ainsi les warrants dans la monnaie (« in the money »), à la parité (« at the money ») et en dehors de la monnaie (« out of the money »).
« Dans la monnaie » signifie que le prix d’exercice d'une option call est inférieur au cours du sous-jacent. Si le prix d’exercice et le cours du sous-jacent sont identiques, le warrant est « à la parité », alors que si l'option call affiche un prix d’exercice supérieur au cours du sous-jacent, on parle dans le jargon technique d’un warrant « en dehors de la monnaie ».
Le comportement des options put est exactement l'inverse
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Opportunités et risques
Opportunités
- Un effet de levier* important : pour une mise de fonds moindre que dans le cas d’un investissement direct, les warrants permettent de participer à la hausse (options call), mais également à la baisse (options put) des cours des sous-jacents avec un effet démultiplicateur.
Risques
- La valeur d'un warrant peut tomber nettement au-dessous de son prix d’achat pendant sa durée de vie.
- L'investisseur en warrants peut perdre une part substantielle, voire l'intégralité du capital investi si le cours du sous-jacent est inférieur (pour les options call) ou supérieur (pour les options put) au prix d’exercice à l’échéance.
- Lorsque le sous-jacent d'un warrant libellé en euros est coté dans une devise étrangère, l’investisseur s’expose en outre à un risque de change suspectible de réduire la valeur, le prix ou le rendement du warrant.
- L’investisseur est par ailleurs exposé au risque d’insolvabilité et, par conséquent, de surendettement ou de défaut de paiement de l’émetteur, qui peut dès lors se trouver temporairement ou définitivement dans l’impossibilité d’honorer en temps voulu ses obligations de paiement d’intérêts et/ou de remboursement du capital.
- Les warrants étant considérés comme des titres de créance au porteur, ils ne sont pas soumis à une garantie de dépôt légale ou facultative.